Comment savoir si on a le syndrome du sauveur ?

femme qui souffre du syndrome du sauveur ou de la sauveuse

Dans la société moderne, il est courant de rencontrer des personnes, et notamment des femmes, qui se sentent investies d’une mission pour secourir les autres. Ce phénomène, souvent appelé le syndrome du sauveur, peut sembler noble et altruiste au premier abord. Il peut en revanche avoir des conséquences désagréables sur les relations sociales. Dans cet article, je vous invite à explorer en profondeur ce phénomène de sur-adaptation, avec des exemples concrets et en proposant des solutions pour y faire face.

Comment reconnaître le syndrome du sauveur ?

Le syndrome du sauveur est un état de posture psychologique dans lequel une personne ressent un fort désir ou une obligation de venir en aide aux autres, souvent au détriment de ses propres besoins ou limites. Les personnes touchées par ce syndrome peuvent se sentir forcées à : 

  • intervenir dans la vie des autres ;
  • résoudre leurs problèmes ;
  • prendre leurs responsabilités en charge.

Ce comportement peut être motivé par divers facteurs, tels que le besoin de se sentir valorisée, reconnue ou indispensable, la peur du rejet ou une faible estime de soi. Le syndrome du sauveur est différent du syndrome de l’infirmière. Si dans les deux cas, la personne apporte son aide à l’autre de façon démesurée, le secoureur attend une reconnaissance en retour. Certains parlent d’altruisme narcissique. Le sentiment de satisfaction qui accompagne le fait de secourir les autres peut devenir addictif et conduire à un cycle où la sauveuse s’engage de plus en plus dans des situations dans lesquelles, elle s’épuise à toujours donner.

🚩 Le sauveur est une des figures du triangle de Karpman. Pour plus de renseignements sur le sujet, allez lire notre article sur cet outil d’analyse transactionnelle.

Des exemples concrets de manifestation du complexe du sauveur

Pour mieux comprendre les cas de figure dans lesquels une personne se place dans la posture du sauveur, voici quelques exemples concrets.

Sauver quelqu’un d’une relation toxique

Il est toujours profondément douloureux de voir une proche manipulée par un conjoint ou un ami. Si nous sommes nombreuses à proposer notre aide et notre soutien, la sauveuse va aller encore plus loin. Insupportable pour elle de laisser le temps à la personne de réaliser que sa relation est toxique. Elle fera son possible pour extraire la victime, souvent contre son gré. Le principal inconvénient est que la secoureuse ignore alors ses propres besoins émotionnels et physiques, ainsi que ceux des autres. Elle place d’action au-dessus de la compréhension.

L’intervention excessive avec une implication trop forte

Voir un proche traverser des difficultés financières peut être compliqué à gérer. Culpabilité, empathie, projection de nos peurs, il y a mille moyens de mal vivre ce moment. Pour la sauveuse, il y a en plus un sentiment d’urgence dans la nécessité de régler ces problèmes. Plutôt que de laisser son amie, collègue ou parent venir demander de l’aide, la secoureuse essaiera d’assainir la situation rapidement, au point de sacrifier sa propre stabilité pécuniaire.

Le surinvestissement professionnel pour contrebalancer les lacunes de l’équipe

Lorsque l’on travaille en équipe, il arrive que certains membres soient moins investis que d’autres. Certaines erreurs sont parfois commises, et les retards sont des aléas fréquents. 

Une manageuse qui prend systématiquement en charge les erreurs de son équipe au travail, au lieu de les responsabiliser, s’installe dans une posture de sauveuse. Elle va alors avoir tendance à faire des heures supplémentaires pour contrebalancer les lacunes de ses collègues. Elle vivra également très mal le manque de reconnaissance de ses collègues.

Le dévouement excessif aux autres

Ce cas de figure se produit fréquemment au sein de la cellule familiale. Nous connaissons toute une mère ou une épouse qui se néglige elle-même pour répondre à tous les besoins de ses enfants ou de son conjoint, sans prendre de temps pour elle. Elle accumule les frustrations et la baisse de son estime pèse sur son quotidien. Pourtant, dès qu’elle a l’occasion de se concentrer sur son bien-être, elle culpabilise et se pense égoïste. D’un autre côté, un sentiment d’injustice et de manque de reconnaissance grandit en elle à l’égard de ceux qu’elle fait passer en premier.

Pourquoi le syndrome du sauveur est-il toxique dans les relations ?

Bien que l’intention de secourir autrui puisse sembler louable, le syndrome du sauveur comporte plusieurs risques. D’un point de vue personnel ou au niveau des relations sociales, la menace du déséquilibre est réelle.

L’épuisement émotionnel

Nous avons besoin d’entrer en relation avec nos congénères pour notre équilibre mental. Cela fait de nous un animal social. Cependant, se concentrer excessivement sur les problèmes des autres peut entraîner un épuisement émotionnel et une fatigue globale. Il est nécessaire de nous entraider dans des relations saines. Lorsqu’un proche traverse une étape difficile de sa vie, il est aussi important de lui apporter notre soutien que de se protéger et respecter nos limites.

La perte d’identité

Si le mécanisme dure trop longtemps, la sauveuse peut perdre de vue ses propres besoins et son identité. Elle se définit alors principalement par son rôle de secoureuse. Combien de femmes n’arrivent pas à verbaliser leurs contraintes ? Elles sont nombreuses à sentir un déséquilibre en elle, mais peinent à cerner le besoin sous-jacent. Elles sont championnes pour anticiper ceux des autres, tout en restant perplexe vis-à-vis des leurs.

Les relations dysfonctionnelles

Lorsque l’une des personnes dans la relation commence à prendre plus de place que l’autre, le déséquilibre s’installe. Faire systématiquement passer les besoins, les peurs, les doutes d’autrui en premier, c’est l’assurance d’un rapport inégalitaire. Cela est tout à fait normal si c’est ponctuel. Votre amie vient d’être licenciée ? Elle cherchera votre soutien. Vous traversez un deuil ? C’est à votre tour d’être entourée. Le problème découle d’une dynamique de dépendance de l’un et du surinvestissement de l’autre.

🔎 Curieux de connaître les symptômes du syndrome du sauveur ?

Comment se libérer du syndrome du sauveur ?

Si vous vous identifiez au syndrome du sauveur, voici quelques étapes pour commencer à l’assouplir.

La prise de conscience : le début du chemin

Comme souvent, le fait de nommer le problème fait partie de la solution. Les thérapeutes disent généralement qu’accepter représente le début de la guérison. Si les symptômes décrits dans cet article vous sont familiers, ne paniquez pas. Au contraire, réjouissez-vous d’avoir mis un mot sur une facette dont vous ne voulez plus. Reconnaissez et admettez honnêtement que vous avez tendance à prendre en charge les ennuis des autres.

Les limites : vos alliées dans votre évolution personnelle

Le syndrome du sauveur vient notamment de limites pas ou peu présentes entre vous et les autres. Leurs problèmes deviennent vos problèmes. Les régler vous rassure et vous aide à vous sentir mieux dans votre peau. Vous êtes utile, efficace, indispensable. Il va donc falloir commencer à compartimenter. Apprenez à dire non et établissez des frontières saines pour protéger votre propre bien-être.

La motivation de vos actes : le point clé sur lequel se questionner

Comme nous l’avons vu, le syndrome du sauveur n’est pas simplement le besoin irrépressible d’apporter de l’aide aux autres. La sauveuse attend quelque chose en échange. Lorsqu’une situation se présente, dans laquelle vous proposeriez habituellement votre intervention, demandez-vous pourquoi. Identifier les différents impératifs sous-jacents est indispensable pour la suite : 

  • besoin de validation personnelle ; 
  • besoin de valorisation ; 
  • besoin de reconnaissance ; 
  • besoin de contrôle ; 
  • besoin d’amour et d’affection ; 
  • besoin d’appartenance ; 
  • besoin de validation morale ; 
  • besoin de fuir vos propres problèmes ; 
  • besoin de réconfort face à un sentiment de culpabilité ou d’inutilité.

🤔 Parfois difficile de nommer vos besoins ? La check-list des besoins est là pour ça !

L’auto-compassion : le nouveau réflexe à adopter d’urgence

Une évolution personnelle, surtout sur un sujet aussi complexe, est loin d’être évidente et immédiate. Vous allez avancer à des rythmes fluctuants, avec plus ou moins de facilité selon les circonstances. Ce réflexe est sûrement ancré depuis longtemps, il faudra donc de la patience pour s’en défaire. Félicitez-vous à chaque étape, à chaque situation dans laquelle vous avez marqué vos limites. Encouragez-vous lorsque les vieilles habitudes ont repris le dessus. Réaliser que vous étiez dans un schéma de sauveuse est déjà un énorme pas en avant. 

 

Le syndrome du sauveur peut sembler noble, mais il a des répercussions coûteuses sur la santé mentale et émotionnelle de celles qui sont concernées. Il est essentiel d’apprendre à contrebalancer l’altruisme avec l’auto-soin et de se concentrer sur des relations saines et équilibrées. En reconnaissant les signes du dysfonctionnement et en mettant en œuvre de nouvelles stratégies comportementales, chacune peut commencer à se libérer de ce schéma douloureux. Une vie plus épanouissante et authentique vous attend, n’en doutez pas.

🤝 Si vous sentez que vous avez besoin de soutien dans votre démarche, réservez un appel découverte pour que l’on échange sur votre problématique.

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